Tendres termites by G.-J. Arnaud

Auteur:G.-J. Arnaud [Arnaud, G.-J.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: 9791025101384
Éditeur: French Pulp Éditions
Publié: 2017-04-01T04:00:00+00:00

8

Ils attendaient leur père depuis le matin. Tous s’étaient levés tôt, même Julie. Non seulement ils avaient soigné leur apparence, mais encore le parc avait été passé au peigne fin et il ne restait plus un papier de chewing-gum, pas un recueil de bandes dessinées dans les hautes herbes. La surface bleutée du bassin démontable n’avait jamais été aussi belle. Dans la maison, Valérie, qui avait accepté de sacrifier son dimanche étant donné les circonstances, ne ménageait pas ses coups de chiffon et de serpillière. Tout était prêt pour la revue du grand chef et, quelque peu gênés aux entournures par leurs vêtements d’été qu’ils n’avaient jamais portés, les garçons avaient vraiment l’air de soldats en tenue numéro un. Seule Julie restait à l’aise. Sa robe très courte était un modèle de coquetterie et de fraîcheur. Tous savaient que leur père, malgré son libéralisme, détestait le négligé même en vacances.

Midi arriva et Valérie rentra chez elle. Julie devait faire le service. À 1 heure, ils étaient tous dans la salle, piqués devant les portes-fenêtres. Alentour, la campagne grésillait bêtement, quotidienne, paraissant ignorer l’importance d’un tel jour, ne faisant aucun effort de séduction. Adrien détestait la Musardière, héritage de Clotilde.

— Bientôt 2 heures, soupira Serge. Si on se mettait à table ? Il n’a pas dit qu’il venait pour manger ?

— Il saute souvent un repas, dit Julie, pour garder la ligne.

Clotilde les laissa discuter puis s’installer autour de la table avant de s’en approcher. Elle n’avait fait aucun effort pour sa toilette et son maquillage, avait refusé l’aide de Julie. À quoi bon une tentative dérisoire ?

Le repas fut une catastrophe. Serge renversa un verre de sirop de fraise sur sa chemise et vit se dresser contre lui les trois autres. Avec une telle virulence qu’il préféra quitter la salle pour se changer.

— Que va-t-on faire ? dit Jérôme, une fois la table desservie. S’il ne vient pas, on aura bonne mine. Moi, je vais me baigner. Vous feriez mieux d’en faire autant.

Julie secoua ses longs cheveux blonds :

— Il n’aimera pas ça, croira que nous nous moquons bien de son arrivée.

— Eh bien ! on va rigoler ! dit Serge. Alors pourquoi nous avoir payé cette piscine si ça ne lui fait pas plaisir de nous voir dedans.

Vers 5 heures, Clotilde les vit si découragés qu’elle chercha un moyen de les distraire, se creusait en vain la tête lorsque la Porsche de son mari pénétra dans la propriété. Avec la même insolence que la 2 CV des hippies l’autre jour. Il roula jusqu’aux portes-fenêtres de la salle, sauta à terre avec entrain dans un style de Premier ministre tandis que les enfants accouraient, forçant même un peu leur enthousiasme. Julie accrochée à son bras droit, Daniel sur sa gauche, suivie par les deux petits, il marcha vers le saule, s’inclinait pour lui baiser la main lorsqu’il recula. Deux petites abeilles folâtraient entre lui et Clotilde. Elle dut faire rouler son fauteuil en dehors de l’ombre pour qu’il puisse accomplir son geste cérémonieux.

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